Appel à communications
Rivalités : l'écrivain et ses cibles
Conférencier d'honneur : Simon Harel
(Université de Montréal)
Colloque estudiantin organisé par le
Département de langue et littératures françaises
de l'Université McGill
30-31 janvier 2014
Dans et
hors le texte, consciemment ou non, les auteurs se situent par rapport à un
autre, individuel ou institutionnel, réel ou fantasmé (Harel 1999). En
sociologie de la littérature, cette réalité est transposée par le terme
« position relative »; en sémiotique, c’est plutôt la secondéité de
Peirce, c’est-à-dire la « conception de l’être relatif à quelque chose
d’autre » (Deledalle 1979 : 204), qui en fait foi. D’un côté comme de
l’autre cependant, le concept signale un rapport psychologique entre l’écrivain
et ses pairs, sans que l’issue ne soit toujours prévisible. Les auteurs
contemporains sont, en effet, soumis aux impératifs d’une « communauté
inavouable » (Blanchot 1984) : tout en voulant se distinguer
(Bourdieu 1979), l’écrivain se doit d’être reconnu par ses pairs. Il s’agit, en
d’autres termes, de s’inscrire en négatif au sein du groupe de ses concurrents
tout en affirmant sa spécificité. L’auteur peut, de plus, se placer plus
largement dans le sous-champ de son art (conflit entre écrivains de vocation et
écrivains de profession [Heinich 2000]), à la jonction de deux genres (la
sempiternelle hiérarchie des genres « majeurs » et
« mineurs »), ou de deux arts (interprétations contrastées d’un même
mouvement par les artistes visuels et littéraires). Simultanément, il est aussi
donné aux auteurs de prendre position non pas en tant qu’écrivains, mais plutôt
en tant que membres d’une communauté pour témoigner, par exemple, de
l’antagonisme entre deux métropoles (Paris et Londres; Montréal et Québec), entre
le centre et la périphérie (Casanova 1999), entre plusieurs groupes ou entre un
groupe et une institution. Aussi ces deux tendances peuvent-elles en certaines
circonstances s’entrechoquer, comme ce fut le cas de l’alliance temporaire
entre les groupes de Breton et Bataille au sein de la revue Contre-Attaque,
mais ces rapprochements, soumis à la force des inimitiés, sont les plus souvent
suivis d’une nouvelle scission.
Par ailleurs, la rivalité, qui
contrairement au conflit n’est pas bidirectionnelle, autorise une réflexion
plus large d’un moteur important de la littérature en elle-même comme dans ses
liens avec d’autres domaines (sociologie, politique, linguistique). L’objectif
du colloque sera, dans cette optique, de réfléchir les rivalités littéraires
tant en amont qu’en aval. C’est dire que nous nous interrogerons sur les
multiples composantes d’une rivalité, que ce soit son origine (causes, raisons,
réalité, membres impliqués), son développement (l’intertextualité, la
rhétorique et la sémiotique qui sous-tendent une attaque; les éventuelles
répliques; les agressions physiques) et ses conséquences (restructuration du
champ, mémoire du conflit, débats conséquents à l’interprétation du conflit et
de ses sources).
Nous invitons donc les jeunes
chercheurs à se pencher, dans le cadre du sixième colloque estudiantin du
Département de Langue et Littérature françaises qui se tiendra les 30 et 31
janvier 2014 à l’Université McGill, sur la question des rivalités en
littérature. Les communications, qui doivent être présentées en français,
seront d’une durée maximale de vingt minutes et suivies d’une période de
questions de dix minutes. Bien que toutes les approches critiques soient les
bienvenues, nous suggérons aux conférenciers quelques sujets possibles,
auxquels ils ne sont pas tenus de se limiter :
·
La rhétorique de
la rivalité
·
La
virtualité/réalité de conflits présumés
·
La réception, par
les disciples, d’une querelle impliquant le maître
·
Les fondements
idéologiques/politiques/textuels d’une rivalité
·
La reproduction
des inimitiés
·
Les cas de figure
importants dans le développement de l’histoire littéraire ou du discours social
·
Les effets de la
compétition sur la communauté des écrivains
·
Les principaux
vecteurs de rivalité (écrivains, artistes, critiques, institutions) et leurs
caractéristiques
·
La description,
par les critiques ou les écrivains, de la hiérarchie des genres
·
Le pamphlet et
l’écriture antagonique
·
La littérature
engagée
·
L’intertextualité
du conflit (l’Autre est-il nommé, cité, paraphrasé ou ignoré?)
·
La rivalité qui
oppose la littérature aux autres savoirs, ou les différents savoirs au sein de
la littérature
·
Les rapports
conflictuels entre la littérature et les autres arts
Coorganisateurs :
Simon-Pier Labelle-Hogue, Kiev Renaud,
Mathieu Simard et Myriam Vien
Les propositions de communications
doivent comporter 350 mots
(longueur maximale)
et doivent être envoyées
à l'adresse suivante :
accompagnées d'un/d'une :
titre
bibliographie indicative
courte biobibliographie
Date limite de réception des propositions :
Dimanche, 1er décembre 2013
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